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Cap vers le silence… ⚓️ 

Dans le gris de l’Iroise, où l’Atlantique offre aux marins les derniers souffles de sa course océanique, un géant d’acier s’éveille. Tel un gardien du secret des abysses, le sous-marin nucléaire lanceur d’engins aura bientôt rejoint le monde du silence. Ces marins là sont comme ceux de la pêche ou de la marchande. Ils partent en mer pour gagner leur pain. A un détail près, c’est qu’ils rapportent dans leur soute ce qu’ils avaient chargé au départ de la mission. C’est d’ailleurs à ce détail qu’on juge que le mandat est réussi, en revenant à plein. Une mission très particulière, celle d’assurer le message concret de la dissuasion. Dans l’ignorance, plus que l’indifférence, générale des Français…

Sur le pont, ou plutôt dans la « baignoire »,  dans les yeux du commandant, une lueur intense. Elle éclaire sur le sens du départ, elle justifie cette quête et cette absence auprès de l’équipage.  Au sein de ce monstre d’acier bat le coeur d’un réacteur de concert avec le rythme de la houle venue du large. Le génie de l’homme est effrayant, il est tout aussi fascinant. Le vent souffle à près de trente-cinq noeuds, la mer est agitée, le bateau roule dans trois à quatre mètres de creux, les rafales font pleurer les trois marins. La mer est grise, mais la bête noire soulève une perspective couleur « Glaz ». Cap vers le silence… 

En attendant, c’est le feu d’une rencontre entre deux forces évoquée dans l’écriture du génialissime Victor Hugo : « La mer, compliquée du vent, est un composé de forces. Un navire est un composé de machines. Les forces sont des machines infinies, les machines des forces limitées. C’est entre ces deux organismes, l’un inépuisable, l’autre intelligent, que s’engage ce combat qu’on appelle la navigation. ». A ce détail près que la maîtrise de l’atome par l’Homme permet l’intelligence d’une machine presque infinie. Le génie de l’Homme, encore, cap vers l’anonymat de la mission…

Le vent et les embruns épousent les larmes retenues des trois marins restés à l’air libre. La fierté et la joie de la mission, aboutissement de tant de sacrifices professionnels et familiaux, l’emportent. Dans soixante-dix jours, ils retrouveront les leurs. Mais l’heure est au départ. A ce moment précis, à tribord de l’épaulard, quelques proches sont postés au pied du phare du Minou pour un au revoir sobre et fier. L’équipage lui est déjà dans l’organisation millimétrée et répétée par leur aïeux. Les yeux fixent l’horizon et bientôt les marins se dilueront dans la mer jolie. Cap vers le silence…

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Photographie présente dans le livre « Choses Maritimes »  – Un grand merci à Crédit Mutuel Arkéa sur son précieux soutien sur cet ouvrage.

 

À paraître en 2024 sur les sous-marins : « S.U.B : L’Immersion », restez connectés !