Participer à l’exposition « Les Peintres officiels de la Marine — Œuvres récentes » à l’Espace Richaud, à Versailles, est pour moi un honneur autant qu’un moment de partage artistique profond. Réunissant vingt-et-un artistes — peintres, photographes, sculpteurs et céramistes — cette exposition, labellisée dans le cadre des 400 ans de la Marine nationale, offre un regard contemporain et multiple sur l’univers maritime. Elle rassemble soixante-treize œuvres récentes et ouvre un dialogue entre tradition, exploration, représentation du vivant marin et questionnements esthétiques actuels.
Pour cette édition, je présente quatre photographies qui incarnent des axes majeurs de mon travail, tout en répondant à l’esprit de la mission des Peintres Officiels de la Marine : témoigner de la mer et de la Marine dans ce qu’elles ont de plus vrai, de plus mouvant et de plus intime. L’ensemble de mes photographies présentées est unie par une tonalité froide, presque minérale, ainsi que sur une approche qui met en valeur des sujets isolés dans leur environnement, soulignant leur présence singulière face à l’élément marin.
Deux des œuvres exposées, Moby Stormy et Moby Sub s’articulent autour de la figure du sous-marin, que j’aborde à la fois comme une machine de puissance, comme témoin du génie de l’Homme, mais aussi comme une silhouette presque animale, vibrante et mystérieuse. Dans Moby Stormy, le bâtiment fait face au spectateur au cœur d’une mer agitée : une rencontre entre le métal et l’élément déchaîné, où la tempête devient un personnage à part entière. Dans Moby Sub, le sous-marin se fait plus discret, cadre serré révélant sa furtivité, traversé par une lumière dure, comme suspendu entre deux mondes. Ces deux images dialoguent entre elles et racontent le départ en mission pour ces marins qu’on ne reverra pas avant 74 jours…
La troisième photographie, Massue Verte, propose un contre-champ plus inattendu : un paysage maritime en tempête, cadré sur une vague isolée et sculpturale. Ici, la mer offre un décor quasi abstrait, où la puissance du vent, la densité du ciel et la texture des vagues composent une scène à la fois violente et hypnotique. C’est un endroit particulier où jadis sombra un navire nommé « Amoco Cadiz », provoquant la pire marée noire de l’Histoire Bretonne…
Enfin, Aqua Mariquita représente l’un des aspects techniques qui marque le plus mon travail : la prise de vue mi-air mi-eau. Cette approche, qui me permet de mettre en relation la surface et le monde subaquatique, révèle un espace liminal, un seuil fragile où deux univers se rencontrent. Dans cette œuvre, la précision du sujet — isolé, presque suspendu — s’unit à la froideur chromatique de l’ensemble pour créer une image à la fois esthétique et poétique. En réunissant ces quatre pièces, j’ai voulu offrir une vision cohérente et personnelle : une mer qui n’est pas seulement horizon, mais matière vivante, théâtre de formes, d’ombres, de machines et de forces naturelles. Une mer que je regarde comme un espace où l’homme et la machine coexistent, parfois en équilibre, parfois en invisibles, mais toujours en mouvement.