Click on text to change

Dans la trace d’un Peintre officiel de la Marine

Depuis la nuit des temps, les artistes s’inspirent d’autres artistes et s’inscrivent à posteriori dans un courant artistique. Car oui, on aime bien classer les choses, pouvoir les expliquer dans un contexte et situer une œuvre dans une époque est bien rassurant. Il ne faut toutefois pas oublier le moteur principal de ce qui fait que l’on est attiré par un tableau ou une œuvre.

Ce moteur c’est l’émotion. Quand on aime la mer et les bateaux, difficile de ne pas s’intéresser aux POM. Parmi ceux qui m’ont donné beaucoup d’émotions, il y a Albert Brenet et cette magnifique peinture du paquebot France dans la ferveur de son lancement à Saint Nazaire en 1960.

Brenet affectionnait les angles audacieux, les contre-plongées vertigineuses et les diagonales dynamiques, mises en lumière par des cadrages parfaits ! Ses marines vibrent, ses navires respirent et ses ports vivent.

La rencontre avec un tel tableau vous submerge durablement. Vous le gardez dans un coin de votre tête jusqu’au jour où vous croisez une scène analogue. Alors, quand vous ne savez que pratiquer la photographie, vous tentez l’impossible pour transcrire cette émotion avec la seule technique que vous maîtrisez ! Le Queen Mary 2 en forme de radoub à Brest a été une de ces rencontres. Tourner autour du mastodonte, venir et revenir, le matin, le soir, la nuit… Installer des flashs et finalement jouer avec le soleil rasant. Ces « natures mortes », je prends un plaisir fou à les réaliser !

Pour pendre la mesure du gigantisme, une fois n’est pas coutume, j’ai pris la pose au pied du colosse. Pour garder un souvenir, c’est certain, mais aussi pour souligner la démesure de cette merveille construite en France ! À quand la prochaine rencontre émotionnelle ?! Je vous le dit, c’est une addiction forte ! À quand le nouveau Théodore Malgorn sortant du phare de la Jument sur fond de vague monstrueuse. Dans une seule photographie de Jean Guichard, se concentre toute l’émotion de la littérature d’Henri Queffelec ! À quand le prochain lancement industriel qui rendra fier toute une Nation ? J’ai le spleen des Concorde et autres TGV… Je sais aussi qu’un jour je pourrais peut-être capter les émotions rendues par les programmes ITER, Ariane, voiliers OrientExpress et autres SNLE3g*.

Alors je patiente, j’attends mon tour, la chance sourit aux patients audacieux !

* ITER est le plus grand réacteur expérimental de fusion au monde, programme international situé en France à Cadarache, on cherche à reproduire l’énergie infinie du soleil – SNLE3g est le sous-marin nucléaire lanceur d’engins de troisième génération, objet le plus compliqué au monde construit par l’homme et la France est l’une des rares nations à maîtriser sa mise en œuvre…